L'INSURRECTION DE VARSOVIE

La Pologne tout entière a combattu. Toute notre famille appartenait à la résistance. Ainsi que la plupart de nos amis. Certains étaient malades ou avaient des enfants en bas-âge. Même ceux-là travaillaient pour la résistance. S’ils ne pouvaient pas se battre, ils distribuaient des tracts ou faisaient autre chose. Tout le monde a fait ce qu’il a pu et le meilleur qu’il a pu.

- Bożena Gołaszewska, nom de guerre « Zbyszka ».

Le 1er août 1944, 25 000 combattants de l’armée clandestine peu et mal armés lancent une offensive contre l’armée allemande, bien supérieure en nombre. Avec le temps, les unités polonaises comptent près de 50 000 hommes. Pendant deux mois de combats acharnés, elles réussissent à reprendre à l’ennemi des secteurs importants de la ville et lui infligent des pertes considérables. Hélas, au bout de soixante-trois jours, le faible soutien des Alliés, la supériorité technique de l’armée allemande et le nombre élevé des victimes obligent le haut commandement de l’AK, l’Armée de l’intérieur, à mettre un terme à cette lutte héroïque pour la liberté.

Prévue pour ne durer que quelques jours, l’insurrection durera plus de deux mois. Dès les premiers affrontements, les habitants de la capitale viennent en aide aux insurgés : ils s’engagent dans des actions de combat, dressent des barricades, organisent le ravitaillement. Menacés par l’avance du front de l’Est, les Allemands lancent dans la lutte des unités d’élite qui reçoivent l’ordre de mater l’insurrection en utilisant tous les moyens disponibles afin que cette répression serve d’exemple et terrifie toute l’Europe. La ville doit être rasée et d’innombrables actes de génocide sont commis. Les soldats d’Adolf Hitler causeront la mort de 180 000 civils.

L’INSURRECTION : JOUR APRÈS JOUR

01

août : déclenchement de l’Insurrection. A 17h00, environ 23 à 25 000 combattants de l’Armée de l’Intérieur entre dans la lutte. Les insurgés sont sérieusement sous-armés : seulement 10% d’entre eux possédent des armes. Ceux-ci doivent faire face à une garnison allemande d’approximativement 20 000 soldats lourdement armés.

05

août : « samedi noir » dans le quartir de Wola. Le massacre de la pupulation civile débute. En deux jours, près de 40 000 habitants sont assassinés. Les insurgés du bataillon « Zośka » s’emparent du camp de concentration de la rue Gęsia et libèrent ses détenus Juifs – 348 hommes et femmes de pays européens différents.

11

août : l’insurrection dans le quartier de Wola échoue. Les troupes du lieutenant-colonel Jan Mazurkiewicz, nom de guerre « Radosław », se retirent vers la rue Stawki. La « Reduta Wawelska », dernier point de resistance à Ochota, tombe.

13

août : un tank explose dans la rue Kiliński. Environ 300 personnes (insurgés et civils) sont tuées. Au cinéma Palladium de la rue Złota a lieu la projection du premier film d’actualités insurgées intitulé « Varsovie en lutte ».

20

août : après plus d’une dizaine d’heures de lourds combats, les insurgés capturent la bâtiment du PAST (Société Anonyme Polonaise des téléphones), éliminant ainsi une source de tirs gênante. Les pertes ennemies s’élèvent à 38 soldats tués. 121 Allemands de formations différentes sont fait prisonniers.

29

août : les gouvernements de Grande-Bretagne et des Etats-Unis accordent aux soldats de l’Armée de l’Intérieur des droits de vétérans de guerre, reconnaissant ainsi le statut de l’Armée de l’Intérieur comme une partie des Forces Armées polonaises de l’Ouest.

02

septembre : évacuation de la Vieille Ville. Près de 4500 insurgés atteignent le centre-ville par les égouts tandis qu’environ 800 insurgés se déplacent à Żoliborz. La Vieille Ville, bombardée et abandonnée par ses défenseurs, est capturée par les Allemands qui s’engagent dans un massacre de masse et des actes de violence envers les civils.

06

septembre : suite à de violents combats, les défenseurs de Powiśle se retirent peu à peu vers le centre-ville. Dans la soirée, Powiśle est totalement dominé par l’ennemi.

18

septembre : le plus grand parachutage atteint la capitale en lutte. 107 « forteresses volantes » américaines parachutent environ 1300 containers d’armes, de munitions, de nourriture et de médicaments. Les insurgés ne réussissent seulement qu’à récupérer 20 % de ces parachutages.

23

septembre : la tête de pont de Czerniaków tombe. Un massacre de masse et des actes de violences envers les insurgés et les civils s’en suivent.

27

septembre : Mokotów capitule après de violents combats. La capitulation est précédée d’une évacuation spectaculaire vers le centre-ville, de par les égouts du district.

29

septembre : dans les combats de Jaktorów, le groupe « Kampinos » est écrasé. Environ 150 insurgés sont tués, dont le commandant du groupe le Major Alfons Kotowski, nom de guerre « Okoń ».

30

septembre : aux alentours de 18h00, Żoliborz tombe après d’intenses combats.

02

octobre : un accord concernant la cessation des hostilités à Varsovie est signé, garantissant aux insurgés des droits de vétérans. Après avoir quitté la ville, les insurgés sont conduits dans des camps pour prisonniers de guerre. Les civils doivent eux aussi quitter Varsovie.

LE MUSÉE DE L’INSURRECTION DE VARSOVIE

Inauguré lors du 60ème anniversaire du déclenchement de la lutte pour Varsovie, le Musée de l’Insurrection de Varsovie (en polonais : Muzeum Powstania Warszawskiego) est un hommage à ceux et celles qui ont combattu et sont morts pour l’indépendance de la Pologne et pour sa capitale. Sur une superficie totale de plus de 3000 m2, avec près de 800 pièces d’exposition et environ 1500 photographies, films et enregistrements sonores, le visiteur est guidé à travers les différentes étapes de l’Insurrection de Varsovie : de la terreur régnant pendant l’occupation aux jours précédant le déclenchement des combats, l’heure H et ses phases successives jusqu’à la fin des combats et la sortie des insurgés de la capitale, sans oublier leurs destinées en Pologne communiste.

La deuxième partie de l’exposition permanente présente l’histoire de parachutages alliés, avec notamment une réplique grandeur nature d’un bombardier : le Liberator B-24J. Une grande partie de l’exposition est consacrée aux Allemands et leurs alliés, en montrant leurs actions à Varsovie telles que documentées dans les textes officiels de l’époque et dans les notes privées. Les histoires de témoins des évènements d’août et de septembre 1944 sont diffusées dans le Hall B. Un cinéma propose également des films sur un écran panoramique. Sur la mezzanine se tiennent différentes expositions temporaires. La tour d’observation est une attrait supplémentaire du musée puisqu’elle offre une vue sur le parc de la liberté et sur la ville de Varsovie.

Visiter le Musée de l’Insurrection de Varsovie est une rencontre inoubliable avec l’Histoire mais également une façon parfaite de passer du temps libre en famille. Je vous invite vivement à venir vous reposer un instant dans le Parc de la Liberté, à vous promener le long du Jardin des Roses, à passer un moment de réflexion devant le Mur de la Mémoire sur lequel sont gravés quelque onze mille noms d’insurgés tués durant l’Insurrection, à contempler la capitale depuis la tour d’observation ou encore à venir prendre un café dans la cafétéria décorée dans le style des années 40 en Pologne. Vous n’en serez pas déçu !